FR: Interview de Asma Boutida

UNE LECON DE VIE SANS RACISME

Interview réalisé par Emilie Hanquez

(Fédération des comités de jumelage de l’Oise, France)

Asma Boutida à 43 ans. Elle est née à Creil en 1978. Ses parents sont nés au Maroc. Elle est la deuxième enfant d’une fratrie composée de trois filles et d’un garçon. Elle n’a jamais souffert de racisme.

 
Question EH : Comment s’est passé l’arrivée de tes parents en France ?

Réponse AB : Mes parents sont arrivés en France en 1973. A cette époque, ma maman avait 19 ans et mon papa 25 ans. Ma maman a toujours vécu à la campagne, dans une ferme traditionnelle marocaine. Ils se sont installés dans un appartement à Saint-Leu d’Esserent, une commune du sud de l’Oise, qui comptait alors 1500 habitants.

Question EH : Pourquoi tes parents, ont-ils décidé de venir s’installer en France et savaient-ils parler français?

 Réponse AB : Dans les années 1950, il y a eu une grande famine au Maroc. Suite à cette période de nombreux marocains ont quitté leur pays, comme mes parents.

Mes parents n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, ils ne savaient ni lire, ni écrire et ne parlaient pas le français.

Question EH : Qu’est-ce qui leur a permis de s’acculturer à ce nouveau mode de vie ?

 Réponse AB : Dès leur arrivée, ils ont été accueillis et aidés par leurs voisins dans toutes les démarches de la vie courante. Ils se sont ainsi adaptés facilement à leur nouvelle vie. Leur quatre enfants ont été scolarisés à l’école publique et grâce à eux, ils ont appris le français.

Question EH : Est-ce que tes parents ont souffert
du racisme ?

Réponse AB : Non, jamais. Par contre il arrivait que mes parents prononcent mal certains mots. Les moqueries venaient de leurs propres enfants, contrairement à leur entourage qui les encourageaient à poursuivre leurs efforts dans l’apprentissage du français.

Question EH : Quelles étaient les activités de tes parents ?

Réponse AB: Ma mère était femme au foyer et a tissé des liens avec tous les voisins et mon papa travaillait dans le bâtiment. Il a crée son entreprise. Il dirigeait une trentaine de personnes. C’est une belle réussite professionnelle, dont je suis fière.

Question EH: Pour toi, qui est française, quelle est la preuve que tes parents sont profondément attachés à ce pays ?

Réponse AB : En 2007, mes parents ont décidé de se faire naturaliser. Mais entre leurs souhaits et la réalisation de celui-ci le chemin a été long. Tout d’abord la constitution du dossier puis les papiers à fournis et à remplir. Le sentiment d’être français, ils l’ont en eux, mais il a fallu l’exprimer de manière convaincante devant un jury. Je les ai soutenus pendant tout leur parcours vers la naturalisation. Et après une année de démarche administrative ils ont obtenus la nationalité française. Quelle joie !

Aujourd’hui, ils continuent de perfectionner leur français avec leur petits-enfants, le lien entre les générations est fort. Pour moi éveiller les esprits aux autres cultures est essentiel, et ceci passe par l’école de la République ; partage, fraternité, tolérance, y sont enseignés pour un monde respectueux de l’humanité.

EH: Merci beaucoup Asma, pour cette belle histoire de vie où un monde sans racisme est possible.

Pour cela il faut savoir le transmettre de génération en génération.

DE: Interview mit Asma Boutida

Eine Lektion über ein Leben ohne Rassismus

Interviewerin: Emilie Hanquez (Federation of Oise Twinning Committees, Frankreich) 

Asma Boutida (43) wurde im Jahr 1978 in Creil geboren. Ihre Eltern kommen aus Marokko. Sie ist da zweites Kind in einer Familie mit drei Mädchen und einem Jungen. Sie hat nie darunter gelitten Rassismus. 

Wie war die Ankunft Ihrer Eltern in Frankreich? 
Question EH : Pourquoi tes parents, ont-ils décidé de venir s’installer en France et savaient-ils parler français?

Meine Eltern kamen 1973 nach Frankreich. Meine Mutter war damals 19, mein Vater 25. Meine Mutter hat bis dahin immer auf dem Land gelebt, auf einem Bauernhof, mitten in Marokko. Sie sind nach Saint-Leu d´Esserent gezogen [Anmerkung der Redaktion: eine Stadt im Süden der Oise]. Da wohnten damals gerade mal 1.500 Leute.

Warum haben sich Ihre Eltern entschieden, nach Frankreich zu kommen und sich dort niederzulassen, und konnten sie Französisch? 

 In den 1950er Jahren herrschte in Marokko eine große Hungersnot. In dieser Zeit und danach haben viele Marokkaner ihr Land verlassen, so wie meine Eltern.

Meine Eltern hatten keine Möglichkeit zur Schule zu gehen. Sie konnten weder lesen noch schreiben und sprachen kein Französisch. 

Was haben sie es geschafft, mit diesem völlig neuen Leben zurechtzukommen?

Von Anfang an sind ihnen die Nachbarn sehr herzlich begegnet. Die haben meinen Eltern bei diesen alltäglichen Problemen geholfen. Meine Eltern haben sich leicht in ihr neues Leben eingefunden. Ihre vier Kinder kamen in eine öffentliche Schule und lernten dort Französisch. 

Haben deine Eltern Rassismus erfahren?

 Nein, nie. Aber es kam vor, dass meine Eltern bestimmte Wörter schlecht aussprachen. Verspottet wurden sie dewegen von ihren eigenen Kindern. Die Franzosen selbst ermutigten meine Eltern hingegen, sweiter Französisch zu lernen.

Was haben deine Eltern beruflich gemacht?

Meine Mutter war Hausfrau. Sie war mit allen Nachbarn eng befreundet, und mein Vater hat in der Gebäudebewirtschaftung gearbeitet. Er hatte sein eignenes Geschäft gegründet und war für etwa dreißig Personen verantwortlich. Das ist eine großartige berufliche Leistung. Ich bin hier wirklich stolz aufmeinen Vater. 

Was ist für dich, als Französin, der Beweis dafür, dass deine Eltern diesem Land sehr verbunden sind? 

2007 entschieden sich meine Eltern, eingebürgert zu werden. Aber zwischen Wunsch und Verwirklichung lag ein langer der Weg. Sie mussten unheimlich viele Papiere besorgen und endlos Formulare ausfüllen. Sie hatten sich schon damals wirklich als Franzosen gefühlt, aber dann mussten sie davon noch eine Jury überzeugen. Ich habe sie die ganze Zeit bei allem unterstützt. Und nach einem Jahr Verwaltungsmarathon  haben sie die französische Staatsangehörigkeit bekommen. Das war das pure Glück.

Jetzt verbessern sie ihr Französisch mit ihren Enkeln. Wir fühlen uns über die Generationen hinweg sehr eng miteinander verbunden. Ich finde es wichtig, sich für für andere Kulturen zu interessieren, und macht ja gerade die Schule. Sie vermittelt Gemeinsamkeit, Brüderlichkeit und Toleranz. Für eine Welt, in der man sich mit Respekt begegnet. 

Vielen Dank Asma, für diese schöne Geschichte. Sie uns zeigt, dass Leben ohne Rassismus möglich ist. Es ist wichtig, solche Geschichte von Generation zu Generation weiterzugeben.