EN: Different dimensions on racism

Ehab Aziz is an Egyptian Coptic living in Germany for more than 30 years. I had the pleasure of meeting him during an August afternoon, in a convivial atmosphere during an online call. Even though I had done my research, I was amazed by the things I learned from him.

Simona: Have you ever faced racism?

Ehab: That’s an interesting question. In fact, my family or me not necessarily, but I have seen it in the society. I am a Coptic orthodox from Egypt, but as I live in Germany, I am also part of the community in South Bavaria. Coming back to Egypt, Coptic Orthodox people are a minority, therefore, they sometimes face racism. After the revolution in Egypt, Coptic Orthodox faced a lot of racism, mostly Coptic Christians from south Egypt. Some of them even had to escape from Egypt with their families to Europe. They were walking until Italy, facing long and exhausting journeys to escape racism. But now, they are going back because the situation is better. Personally, now, I don’t feel somebody is against me because of race, religion, etc.

If we talk about Egypt, I have a curiosity. When I went to Cairo, I saw different religious stickers on cars in traffic. What do you think about this?

I my opinion, they are not necessary. Stickers and tattoos with religious purposes can start fights and hate speech. Propaganda is bad mostly because uneducated people can easily believe anything.

What’s your earliest memory of becoming aware of racism?

When I was 12 years old, I had a fight with a colleague at school. One of my colleagues told me I am Christian, and so the fight started. When I went back home and told my father, he explained me it’s not about religion. My father was an open-minded person and didn’t judge people based on their religions. In fact, his best friends were Jewish and Muslim. In some Egyptian Coptic families, children are separated from the others of other religions, it’s a closed society. But I was lucky to be born in an open-minded family. 

What’s your earliest memory of becoming aware of your own identity? 

I think it was when I started school and I saw there is a slight segregation between children. As I came from an open-minded family, I did not care about somebody being different, but that was the time I became aware of this happening.  

What’s one way you think your life would have been different had you been born another religion or race?

To be honest, I don’t know. The society and family have their own rules, so it’s hard to say. I consider that life is too short to ask, ‘what if?’. We are given a life and we must do the most of it. As for me, I cannot change who I am, it is part of me and my identity. Even though I am now a German citizen, in my soul I am forever Egyptian.

What do you think about racism in Europe?

I can speak about Germany because I live here. Yes, it exists, but it’s not a big issue. Most of the times there are just some isolated cases. People are different, we should accept one another and build a peaceful society. Here in Germany the government helps a lot the foreigners and it is opened to immigration.

What’s one privilege you never want to give up? 

You know, God gave everybody a brain, a pair of eyes, a soul, the possibility to understand others. In modern philosophy there is Martin Heidegger that has an interesting concept of ‘the other’ – ‘I don’t need to change myself, but to understand’. We need to see the whole situation from above, not from a microscope.

Can you tell me about a time when someone else said or did something racist and you interrupted it?

One day I was in a market and there was a woman of colour selling vegetables. Another woman comes to buy some vegetables and hands on the money to the first women. The woman selling vegetables gives the wrong change by mistake and the client starts to make racist remarks on the situation. This was the moment I decided to step in and told her the colour of the skin it cannot influence the eyes. The conflict was stopped, and I hope the client will not do something like this ever again, I hope she learned a lesson out of it. 

In the end, what do you think we should do to stop racism?

It is hard to stop it, but we can understand each other better through art. For example, through video art we can understand what it is in the character and culture of the others. I think that the art is one way to understand ‘the other’. 

This interview was part of the French-German project against racism and discrimination „Sag was zu Rassismus“.

FR : Différentes dimensions du racisme

Ehab Aziz est un copte égyptien qui vit en Allemagne depuis plus de 30 ans. J’ai eu le plaisir de le rencontrer un après-midi d’août, dans une ambiance conviviale lors d’un appel en ligne. Même si j’avais fait des recherches, j’ai été étonnée par les choses qu’il m’a apprises.

Simona : As-tu déjà été confrontée au racisme ?

Ehab : C’est une question intéressante. En fait, ma famille ou moi pas forcément, mais j’en ai vu dans la société. Je suis un copte orthodoxe d’Égypte, mais comme je vis en Allemagne, je fais également partie de la communauté du sud de la Bavière. Depuis le retour en Égypte, les coptes orthodoxes sont une minorité, donc parfois ils font face au racisme. Après la révolution en Égypte, les coptes orthodoxes ont été confrontés à beaucoup de racisme, surtout les chrétiens coptes du sud de l’Égypte. Certains d’entre eux ont même dû fuir avec leurs familles en Europe. Ils ont atteint l’Italie, ayant subi de longs et épuisants voyages pour échapper au racisme. Mais aujourd’hui, ils y retournent parce que la situation est meilleure. Personnellement, je n’ai pas l’impression que maintenant quelqu’un soit contre moi à cause de la race, de la religion, etc.

Puisqu’on évoque l’Egypte, j’ai vu une chose curieuse. Quand je suis allée au Caire, j’ai vu de différents autocollants religieux sur les voitures dans les rues. Qu’est-ce que tu en penses ?

À mon avis, ils ne sont pas nécessaires. Les autocollants et les tatouages à des fins religieuses peuvent déclencher des bagarres et des discours de haine. La propagande est nuisible parce que les gens sans éducation peuvent facilement croire n’importe quoi.

Te souviens-tu comment tu as pris conscience du racisme ? 

Quand j’avais 12 ans, je me suis disputé avec un élève de mon école. Un de mes camarades m’a dit que je suis chrétien, et on s’est battu. Quand je suis rentré chez moi et que j’en ai parlé à mon père, il m’a expliqué que ce n’était pas une question de religion. Mon père était ouvert d’esprit et ne jugeait pas les gens par leur religion. En fait, ses meilleurs amis étaient juifs et musulmans. Dans certaines familles coptes égyptiennes, les enfants sont coupés d’autres religions, c’est une société fermée. Mais j’ai eu la chance de naître dans une famille aux idées larges.

Te souviens-tu comment tu as pris conscience de ta propre identité ? 

Je pense que c’était lorsque j’ai commencé l’école et que j’ai vu qu’il y avait une légère ségrégation entre les enfants. Comme je venais d’une famille à l’esprit ouvert, je ne me souciais pas du fait que quelqu’un soit différent, mais c’est à ce moment-là que j’en ai pris conscience.

Penses-tu que ta vie aurait été différente si tu avais appartenu à une autre religion ou race ? 

Pour être honnête, je ne sais pas. La société et la famille ont leurs propres règles, c’est donc difficile à dire. Je considère que la vie est trop courte pour se demander « et si ? ». Nous n’avons qu’une vie et nous devons faire de notre mieux. Quant à moi, je ne peux pas changer qui je suis, cela fait partie de moi et de mon identité. Même si je suis maintenant citoyen allemand, au fond de moi, je suis toujours égyptien.

Que penses-tu du racisme en Europe ? 

Je peux parler de l’Allemagne parce que j’habite ici. Oui, ça existe, mais ce n’est pas un gros problème. La plupart du temps, il n’y a que des cas isolés. Les gens sont différents, nous devons nous accepter les uns les autres et construire une société pacifique. Ici en Allemagne, le gouvernement aide beaucoup les étrangers et il est ouvert à l’immigration.

Quel est le privilège auquel tu ne voudrais jamais renoncer ? 

Vous savez, Dieu a donné à chacun un cerveau, une paire d’yeux, une âme, la possibilité de comprendre les autres. Dans la philosophie moderne, il y a Martin Heidegger qui a un concept intéressant de „l’autre“ – „Je n’ai pas besoin de changer, mais de comprendre“. Nous devons regarder toute la situation d’en haut, au lieu de l’observer sous un microscope.

Peux-tu me parler d’une situation où quelqu’un d’autre a dit ou fait quelque chose de raciste et que tu est intervenu ? 

Un jour, j’étais sur un marché et il y avait une femme de couleur qui vendait des légumes. Une cliente est venue en acheter et a donné de l’argent à la première femme. La vendeuse de légumes s’est trompée avec la monnaie et la dame s’est mise à faire des remarques racistes. C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’intervenir et je lui ai dit que la couleur de la peau n’avait pas d’impact sur les yeux. Le conflit a pris fin, et j’espère que cette cliente ne fera plus jamais ce genre de choses, j’espère qu’elle en a tiré une leçon.

Après tout, que penses-tu que nous devrions faire pour arrêter le racisme ?

Il est difficile de l’arrêter, mais nous pouvons mieux nous comprendre à travers l’art. Par exemple, grâce à l’art vidéo, nous pouvons comprendre le caractère et la culture des autres. Je pense que l’art est une façon de comprendre « l’autre ». 

Cette interview fait partie du projet franco-allemand contre le racisme et la discrimination „Sag was zu Rassismus“.